Jérôme Fernandez, 32 ans, un Samarien originaire de Vignacourt, a été condamné mercredi soir à 20 ans de réclusion, dont deux tiers de sûreté, par la cour d’appel d’assises de la l’Oise.

Il répondait de la tentative d’assassinat de son ex-compagne, le 24 mai 2009 dans les murs du centre hospitalier d’Amiens où la jeune femme attendait son opération, suite à une première agression de Fernandez dans une boîte de nuit amiénoise, la veille.

L’ancien chef de chantier, décrit comme « ultra-jaloux, possessif et narcissique » par ses ex-compagnes comme par les experts, avait purgé 27 mois de détention provisoire avant d’être libéré en août 2011.

Il a alors rejoint la Loire-Atlantique, où sa nouvelle amie l’a accusé deux mois plus tard d’avoir piégé, puis brûlé, sa maison (cette affaire est en cours d’instruction).

Réincarcéré, Fernandez a été condamné en février 2012 à 20 ans de réclusion par la cour d’assises de la Somme. Il a fait appel pour écoper exactement de la même peine à Beauvais.

Journée de débats atypiques

Habituellement, en appel, l’accusé est offensif, tel une équipe de foot qui compte sur un match retour pour refaire son retard du match aller.

Dès lors que Me Delarue, pour la partie civile, avait réussi à faire citer par visio-conférence la victime supposée de La Baule, dont l’heure de témoignage fut un chemin de croix pour Fernandez, les avocats de la défense, Mes Dibounje et Demarcq, n’ont pu que se placer en mode… défense, pareils à un club qui cherche à préserver l’avantage du match aller, en l’occurrence cette peine de 20 ans que leur client trouvait pourtant « trop dure » à l’aube des débats, lundi matin.

Guillaume Demarcq a insisté sur les blessures subies par Fernandez dans son enfance quand Stéphane Diboundje comparaît les trente ans requis par l’avocate générale avec des condamnations prononcées pour des meutres passionnels : 15 ans pour Fabrice Gorecki à Beauvais la semaine dernière (il avait étranglé sa femme à Pont-Sainte-Maxence), 10 ans dans la Somme il y a un an et demi pour Dany Guyet (deux coups de couteau dans le coeur de son épouse à Péronne), et même 14 ans pour l’ex-rugbyman Marc Cécillon.

Comparaison n’est pas raison mais l’argument a porté.

Le moindre des paradoxes n’est certes pas le soulagement de l’accusé au moment du verdict. Il avait espéré moins, il avait craint pire ; il a finalement rejoint la case départ.

TONY POULAIN

Source Le Courrier Picard