Ce 4 février 2008, Romuald Alliote comprenait qu’Angélique le quittait pour de bon et qu’il perdait tout. Son profil et son état psychologique ont conduit au drame.

Romuald Alliote a promis qu’il avait fait appel de sa condamnation en première instance (25 ans de prison), parce qu’il voulait désormais dire toute la vérité.

Hier, au deuxième jour de son procès en appel, il avance dans la démarche, mais trop lentement pour Me Stéphane Daquo, l’avocat de la victime.

L’avocat s’énerve et dit les choses à sa place: «Vous ne supportiez pas qu’elle parte avec un autre, c’est pour ça que vous avez voulu la tuer?» « Absolument», répond l’accusé.

Me Guillaume Demarcq, l’un de trois avocats d’Alliote, prend le relais. Et il insiste pour que l’accusé s’adresse directement à la victime, Angélique, assise face à lui dans son fauteuil roulant. Il lui dicte: «Je t’ai tiré dessus parce que tu étais avec quelqu’un d’autre». Les propos sont tirés au forceps, mais pour la première fois, ils sont dits.

Romuald Alliote est décrit comme quelqu’un qui n’assume jamais ses responsabilités. Son beau-père a été sévère hier: «S’il brûlait son pantalon avec sa cigarette, c’était la faute d‘Angélique».

La dérive de l’Amiénois semble avoir commencé lorsque ses parents se sont séparés. Il avait 9 ans. Décrochage scolaire et mauvaises fréquentations à l’adolescence, drogues dures ensuite.

Au sein de la cellule familiale, où il vit jusqu’à ses 25 ans, on le redoute. On lui cède tout. Il devient hystérique s’il n’obtient pas ce qu’il veut. Un jour, sa mère a eu le canon du revolver pointé sur son front.

Sa petite sœur, c’était la tête dans le four. «Angélique m’a enlevé une aiguille du pied quand ils se sont mis en ménage», raconte la mère.

L’histoire du couple va durer 14ans. Elle travaille dans un tabac du centre-ville d’Amiens. Lui ne fait rien. Toxicomane, détenteur de nombreuses armes à feu, il vit cloîtré au domicile. Il poursuit ses crises d’hystérie et de violence.

«Elle n’en pouvait plus», témoigne la sœur de Romual Alliote. L’Amiénois délire régulièrement. Il soupçonne un voisin de l’intoxiquer avec du gaz «pour prendre pouvoir de sa conscience», racontera son père. Angélique est décidée: il doit quitter la maison.

Deux balles à la tempe, trois autres dans le front

Celui qui a toujours été assisté prend sûrement conscience qu’il perd tout. La femme qu’il aime, mais aussi tout ce qui est matériel, surtout un domicile: sa mère et son père ne veulent plus l’héberger. Seule sa sœur est prête à l’aider.

Mais ce 4 février 2008, les circonstances font qu’Angélique est rentrée chez elle, qu’Alliote est toujours là alors qu’il devait être parti. Il essaie encore de la reconquérir, il veut qu’elle abandonne son amant pour lui, mais elle ne cède pas.

Il lui tire deux balles dans la tempe alors qu’elle est appuyée contre l’évier, et trois balles dans le front lorsqu’elle est au sol.

Il appelle la police: «Il me dit que sa femme souffre trop», rapporte le policier à la barre. Me Stéphane Diboundje, avocat d’Alliote, saute sur l’occasion pour que le policier aille au bout de sa pensée: «Il nous a appelés pour la sauver

Verdict ce soir.

GAUTIER LECARDONNEL

Source Le Courrier Picard