JUSTICE

Port du voile au bac, menaces de mort: une Amiénoise auditionnée par la police [MIS A JOUR]

Après qu’une candidate au baccalauréat aurait refusé de retirer son voile, une plainte a été déposée pour menaces de mort contre une conseillère principale d’éducation (CPE). Une étudiante Amiénoise avait été placée en garde à vue dans cette affaire.Réagir Mis à jour le 20/06/2022 à 14:48 

par Gautier LecardonnelUn différend entre la conseillère principale d'éducation (CPE) du lycée Charlemagne à Paris et une élève refusant de retirer son voile est à l’origine d’un emballement sur les réseaux sociaux (François Guillot/AFP).Un différend entre la conseillère principale d’éducation (CPE) du lycée Charlemagne à Paris et une élève refusant de retirer son voile est à l’origine d’un emballement sur les réseaux sociaux (François Guillot/AFP).

Cette affaire fait forcément échos à l’assassinat du professeur Samuel Paty par un terroriste islamiste en octobre 2020 dans les Yvelines.

Depuis ce dimanche 19 juin, une Amiénoise est entendue dans le cadre de la garde à vue suite à une plainte pour menaces de mort contre une conseillère principale d’éducation (CPE) du lycée Charlemagne à Paris. Elle a été interpellée à son domicile, soupçonnée d’avoir jeté en pâture le nom de la fonctionnaire sur le réseau social Twitter.

Pour un voile durant une épreuve du bac, tout dérape

Tout a commencé le jeudi 16 juin. Une élève venue passer une épreuve du baccalauréat aurait refusé de retirer son voile à l’entrée du lycée, «  malgré les rappels à la loi effectués à plusieurs reprises par le personnel de la vie scolaire présent à l’accueil de l’examen  », a précisé l’académie au Figaro.

L’élève n’étant pas scolarisée dans ce lycée, elle n’est pas concernée par l’interdiction du port de signes religieux dans les établissements du primaire et du secondaire imposée par la loi de 2004, mais une circulaire indique qu’il peut lui être demandé d’ôter son voile pour «  permettre la vérification de l’identité des candidats ou à prévenir les risques de fraudes  », sachant qu’elle peut le remettre pendant l’examen.

L’Amiénoise serait en garde à vue suite à ce tweet.
L’Amiénoise serait en garde à vue suite à ce tweet.

L’élève avait finalement accepté de retirer son voile après un «  échange tendu  » avec la CPE du lycée.

Menaces de mort sur les réseaux sociaux

L’affaire a pris une tout autre tournure après qu’une personne se présentant comme un ami de la candidate a relaté l’histoire sur son compte Twitter (supprimé depuis), indiquant que l’élève s’était vu refuser l’accès à l’examen alors qu’elle avait accepté de retirer son voile. Il a parlé d’une CPE «  islamophobe  » et parlé de faits «  d’une violence inouïe  ».

La fonctionnaire est alors visée par des insultes et menaces sur les réseaux sociaux. Et l’un des tweets fera particulièrement réagir.

L’étudiante amiénoise était active au sein de l’UNEF

Posté le matin du 17 juin, il donne l’identité de la CPE. Selon nos informations, c’est l’auteure de ce tweet – dont le compte a également été supprimé – qui est entendu par les gendarmes de l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haine (OCLCH).

Étudiante à Amiens, elle exerçait des fonctions au sein du syndicat étudiant UNEF.

La jeune femme, entendue pour menaces de mort, harcèlement et divulgation de données personnelles d’une personne chargée de mission de service public, a été remise en liberté ce lundi 20 juin à la mi-journée, sans, pour l’instant, de poursuites en justice.

Une garde à vue « disproportionnée » selon son avocat

Selon son avocat, Me Stéphane Diboundje, la jeune femme «  conteste l’intégralité des faits  ». Il s’agit à ses yeux d’un «  commentaire publié hâtivement et rapidement effacé  », et qui «  ne comporte aucune menace de mort  ». Pour lui, «  les éléments constitutifs de l’infraction de harcèlement ne sont pas réunis  » et «  il y aura nécessairement un débat juridique autour du délit de divulgation d’informations personnelles dès lors que l’identité de la personne était accessible sur Google  »

Me Diboundje insiste : «  Ma cliente est avant tout une militante contre toutes les formes de discrimination et sa garde à vue, la veille d’examens universitaires cruciaux, m’apparaît excessive et disproportionnée.  »

Source courrier picard :https://premium.courrier-picard.fr/id317823/article/2022-06-20/fonctionnaire-menacee-de-mort-paris-une-amienoise-placee-en-garde-vue