Romuald Ossywa, 64 ans, jugé à partir d’aujourd’hui, est accusé d’avoir tué Micheline, en octobre 2009, à Amiens.

Ce mercredi 21octobre 2009, dans l’après-midi, Romuald Ossywa croise une voisine en bas de son immeuble, rue du Maréchal Juin à Amiens. Il lui demande d’appeler les pompiers, car sa concubine, Micheline, avec qui il vit depuis 31 ans, est « malade». Avant de s’exécuter, la voisine monte dans l’appartement du couple. Et c’est à l’horreur qu’elle est confrontée. Micheline est dans sa chambre, décédée. Une odeur nauséabonde se dégage de l’appartement. La police est prévenue.

Lorsque les enquêteurs arrivent sur place, vers 17 heures, ils comprennent immédiatement que cette mort est suspecte. La victime porte d’importantes traces de coups. Sa tête et un bras se trouvent en dehors du lit. Il y a du sang au pied du lit, sur un linge se trouvant dans la salle de bain et dans le siphon du lavabo.

Si le fait que Micheline soit décédée des suites de violences ne fait aucun doute, reste à savoir comment, et quand. Mais les explications du concubin sont loin d’être claires. Première version : il n’y a jamais eu de violences; sa concubine a pris des médicaments le dimanche soir, elle ne s’est jamais réveillée. Deuxième version: il y a eu une dispute le week-end, puis une deuxième dans la nuit de lundi à mardi parce «qu’il était à bout» à cause du fait «qu’elle prenait des médicaments». Il dit lui avoir asséné un coup de poing au visage.

L’autopsie pratiquée sur le corps de la victime a fait état de plusieurs hématomes. Mais c’est bien un traumatisme sur le côté gauche du visage qui est à l’origine du décès. Celui-ci est compatible avec un coup de poing. La mort, note le médecin, remonte à au moins 48 heures. Quant aux hématomes, ils remonteraient entre 48 et 72 heures avant le décès. Et le légiste d’apporter un élément qui, durant le procès, peut peser lourd dans l’accusation: la victime aurait pu être sauvée si elle avait reçu des soins appropriés.

Le téléphone de l’appartement a été débranché

Romuald Ossywa a dit, tout au long de l’instruction, qu’il croyait sa concubine vivante jusqu’au mercredi après-midi. Mais des éléments ne collent pas. Pourquoi a-t-il ouvert la fenêtre de la cuisine, d’habitude toujours fermée à cause du chat si ce n’est pour pallier l’odeur dans l’appartement? Pourquoi ne s’est-il pas inquiété du fait que Micheline ne ronflait pas contrairement aux autres nuits? Pourquoi a-t-il débranché le téléphone de l’appartement? Comment ne s’est-il pas rendu compte de l’état de la victime alors qu’il a dormi à côté du corps ?

À toutes ces questions, Romuald Ossywa, épaulé de son avocat Me Stéphane Diboundje, devra y répondre devant les jurés de la cour d’assises de la Somme. Reste à savoir s’il se souvient parfaitement de ces deux à quatre jours dramatiques. Car au moment des faits, l’Amiénois était très alcoolisé. Le verdict est attendu mercredi.

GAUTIER LECARDONNEL

Source Le Courrier Picard