Le patron du bar le « 7 », à Saint-Leu, s’est expliqué hier au tribunal après l’agression de deux touristes américains. Son procès a finalement été renvoyé.

Le « président directeur général » du bar le « 7 », dans le quartier Saint-Leu à Amiens, s’est expliqué hier. Mais il n’a finalement pas encore été jugé. L’avocate de la partie civile, Me Djamila Berriah, souhaite un supplément d’information : elle veut que la deuxième victime, un avocat new-yorkais de 48 ans, soit confrontée au responsable du bar voisin, le Newport. Ce dernier est non seulement témoin des faits, il aurait pris part à l’altercation, selon la défense. Le nouveau procès aura finalement lieu le 12 décembre prochain.

Le fond de l’affaire a quand même été discuté hier après-midi. La victime principale, un conseiller financier américain de 61 ans, a maintenu ses explications : il dit avoir été roué de coups, « sans raison », par le patron du Seven le 6 septembre 2012. « Je ne suis à aucun moment rentré dans l’établissement », a-t-il soutenu.

Le patron, lui, soutient que les deux Américains sont entrés, qu’il a refusé de les servir après que le sexagénaire a mis la main aux fesses d’une jeune cliente (les parties civiles ont un argument tout trouvé pour démentir : les deux touristes sont homosexuels). « Je leur ai demandé de quitter le bar. Je les ai suivis. Arrivé dehors, il s’est retourné, et il a levé le poing. Je l’ai saisi par le poignet, et je l’ai maîtrisé en l’accompagnant au sol. »

Le prévenu revient sur ses déclarations

L’avocate des victimes rebondit sur ses déclarations. Devant les policiers, le patron a admis avoir porté un coup de poing. Et ce à deux reprises. À la barre, il revient sur ses explications.

Le conseiller financier, sexagénaire, n’a pas une allure des plus athlétiques. Et le juge interroge le prévenu : « Ce monsieur est plus âgé que vous, il n’est pas impressionnant physiquement, est-ce que vous trouvez, vous qui devez avoir l’habitude de faire face à des gens excités, que vous avez eu une réaction proportionnée ? » Le patron du Seven reste droit dans ses bottes : « Quand il s’est retourné, les choses sont allées très vite. C’est soit je réagissais, soit je m’en prenais une. »

Me Djamila Berriah, pour les parties civiles, parle « d’un acte gratuit, d’une violence extrême » : « Parce qu’il est noir ? Homosexuel ? » Le deuxième américain n’est pas reconnu comme victime. L’avocate veut un supplément d’information pour que le quadragénaire, qui a été blessé au visage, entre dans la procédure. Et qu’il soit confronté au patron du Newport. L’avocat du prévenu, Me Stéphane Diboundje, ne s’y oppose pas : « Il a été dit qu’il y avait au moins quatre agresseurs, qu’on les retrouve ! »
GAUTIER LECARDONNEL

Source Le Courrier Picard