JUSTICE

Le parquet demande un procès pour le médecin d’Abbeville accusé d’agressions sexuelles

Le praticien de 56 ans, déjà sanctionné par l’ordre des médecins, est accusé par deux femmes d’agressions sexuelles. Reste au juge d’instruction à prendre sa décision de renvoi.Réagir Mis en ligne le 16/02/2021 à 16:12 

par Gautier LecardonnelLe médecin n’avait jamais été condamné jusqu’à présent. (Photo d’illustration)Le médecin n’avait jamais été condamné jusqu’à présent. (Photo d’illustration)

Au cours de l’enquête, le médecin expliquait que, pour lui, il y avait «  un travers  » qui était «  dans l’état actuel de l’effet #Meetoo, une tendance à accentuer les erreurs de comportements pour les transformer en délit, dans la perspective d’une solidarité entre femmes et d’une récupération pécuniaire  ». Pour le parquet, les deux femmes qui ont déposé plainte contre lui n’ont pas exagéré les faits. Il vient de demander le renvoi du praticien devant le tribunal correctionnel d’Amiens pour des atteintes sexuelles commises par violence, menace, contrainte ou surprise. C’est désormais au juge d’instruction de décider du sort de la procédure.

Une première plainte avait été déposée en juin 2018 par une déléguée médicale. Cette femme de 41 ans rapportait qu’au cours d’un dîner professionnel, qui rassemblait douze médecins, l’homme de 55 ans lui avait fait des avances pressantes. La situation avait dégénéré à l’issue de la soirée, la quadragénaire expliquant avoir été poursuivie en voiture par le médecin. Il l’avait forcé à s’arrêter, l’avait embrassé de force et lui avait fait des attouchements.

Une deuxième plaignante s’était manifestée. Elle a décrit une agression commise aussi en juin 2018, huit jours après ceux impliquant la déléguée médicale (qu’elle ne connaissait pas), également dans le cadre d’un dîner professionnel en présence de nombreuses personnes. La Samarienne de 37 ans explique que sous la table, l’homme lui a caressé plusieurs fois la cuisse, jusqu’à remonter à son entrejambe. Choquée, elle était allée jusqu’à vomir aux toilettes. Plus tard, le médecin avait envoyé à la victime une photo de ses jambes prise à son insu.

Pour lui, il n’y a pas eu « d’opposition franche »

Lors de l’instruction, le médecin avait minimisé les faits concernant la première plaignante, disant ne pas avoir le souvenir d’une «  manifestation d’une opposition franche  » de la jeune femme, et que, concernant la scène en voiture, il lui avait demandé de se garer avec «  une insistance déraisonnable  ». Concernant la deuxième Samarienne, l’homme, assisté de Me Messaouda Yahiaoui (qui ne communique pas sur l’affaire) a nié les faits, expliquant n’avoir que discuté, et il a justifié la photo par «  un instant complice  ».

Les plaignantes auraient-elles dénoncé les faits pour l’argent ? L’argument avait été balayé d’un revers de main par Me Guillaume Combes, l’avocat de la deuxième : «  Elle ne veut pas un sou de lui. Elle ne veut pas qu’il fasse de nouvelles victimes  ». Pour Me Stéphane Diboundje, avocat de la première, un procès est important «  pour que son statut de victime soit reconnu. Elle a eu le courage de dénoncer les faits face à un notable, ce qui n’est pas évident, et cette affaire doit aussi permettre de démontrer l’utilité de la libération de la parole d’une femme victime de violences sexuelles  ».

Avant même l’issue de la procédure pénale, la chambre disciplinaire de l’ordre des médecins des Hauts-de-France avait sanctionné en décembre dernier le praticien d’Abbeville d’une interdiction d’exercer de 4 mois dont 3 mois avec sursis.Poursuivez votre lecture sur ce(s) sujet(s) :Agression sexuelle|Police et justice|Abbeville (Somme)

Source courrier picard : https://premium.courrier-picard.fr/id166111/article/2021-02-16/le-parquet-demande-un-proces-pour-le-medecin-dabbeville-accuse-dagressions