COUR D’ASSISES DE LA SOMME

L’autre procès: celui du service de probation et d’insertion

Le procès pour tentative de meurtre à Saint-Riquier, en 2019, qui s’achève ce vendredi, est aussi celui du fils de l’accusé, mineur au moment des faits, accusé de complicité pour avoir fourni une munition de rechange à son père. Mis en ligne le 28/01/2021 à 18:32Le verdict sera rendu ce vendredi.Le verdict sera rendu ce vendredi.

Hier jeudi matin, ce fut aussi le procès – informel – d’un troisième homme : l’éducateur du service territorial éducatif de milieu ouvert et d’insertion (STEMOI) censé, depuis janvier 2019, suivre de près l’observation de son contrôle judiciaire par le jeune homme (obligation de suivre une formation, interdictions de contact, pointage…)

Faisons court : rien ne va, d’abord parce que quatre éducateurs se sont succédé en deux ans. Du coup, celui qui a déposé à la barre tient du bouc émissaire. Il ne se souvient plus très bien des termes du contrôle qu’il doit pourtant faire respecter, semble découvrir que l’accusé a abandonné son CAP, explique quand même qu’il a recadré le garçon mais, reconnaît-il, sans en informer le magistrat. A-t-il consulté le dossier d’assistance éducative ? « Je n’en ai pas eu l’idée. »

« Je suis bien embêté… »

Les questions des juges assesseurs sont précises. Elles veulent des dates, des faits. « J’imagine… Je ne sais pas… Je suis bien embêté pour vous répondre… Je n’ai plus le nom en tête » sont les réponses évasives qu’elles obtiennent. La présidente fait cruellement remarquer que l’enquêtrice de personnalité, en quelques jours, a amassé davantage de renseignements utiles que le service d’insertion en 24 mois.

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Le conseiller glisse tout de même que son jeune « protégé » « n’a pas pris conscience des conséquences de son contrôle judiciaire ». La réponse d’une des juges fuse, impitoyable : « Manifestement, votre service non plus ». Le grand gaillard barbu redevient petit garçon. Il bafouille et baisse les yeux. Pour un peu, on lui adjoindrait un éducateur…

 Douze ans requis

L’avocate générale Ségolène Attolou a requis douze ans de réclusion, hier soir, à l’encontre de Jean-Claude D., 49 ans, pour tentative de meurtre le 29 janvier 2019 à Saint-Riquier. Contre son fils, mineur, elle a réclamé un an avec sursis pour complicité. Le verdict sera rendu ce vendredi après les plaidoiries des avocats de défense, Mes Marc Blondet et Stéphane Diboundje.

Pour la magistrate, l’intention homicide est avant tout signée par le nombre de coups de feu tirés par l’ouvrier agricole sur Emmanuel. Et qu’importent les circonstances : l’alcool, une première altercation, le pot de tabac renversé, un crachat… « Il aurait pu s’arrêter au premier tir », insiste Mme Attolou, quand bien même Jean-Claude avait «  visé la tête  » (la balle traversera la bouche) ; « mais non, il recharge, il tire de nouveau dans le dos, demande une balle supplémentaire à son fils et fait feu encore en direction d’Emmanuel, en hurlant deux fois “Je vais te tuer”, comme en attestent son fils et un témoin ».

Et qu’on ne parle pas à l’avocate générale de la menace qu’auraient constituée Emmanuel et son beau-frère : « Le second était ivre mort quand le second implorait à genoux qu’on lui laisse la vie sauve ».

source courrier picard: https://premium.courrier-picard.fr/id160185/article/2021-01-28/lautre-proces-celui-du-service-de-probation-et-dinsertion