JUSTICE

L’Amiénois désargenté a dépensé 173000 euros en 11mois

L’homme de 30 ans a émis 137 chèques en bois pour faire plaisir autour de lui, dit-il. Six mois avec sursis ont été requis à son encontre, ce mardi 14 septembre.Réagir Mis en ligne le 14/09/2021 à 14:52 

par Gautier LecardonnelL’Amiénois s’en est donné à cœur joie avec les quatre chéquiers qu’il avait en sa possession (Photo d’illustration).L’Amiénois s’en est donné à cœur joie avec les quatre chéquiers qu’il avait en sa possession (Photo d’illustration).

Il a passé 11 mois à dépenser sans compter. Et, à l’en croire, pas seulement pour se faire plaisir, mais surtout pour couvrir de cadeaux ses copains de bistrot et se « faire bien voir ». Entre 2018 et 2019, cet Amiénois de 30 ans achetait à tort et à travers, épuisant quatre chéquiers, pour un montant total de 173 831 euros. Il y a un gros hic : le père de famille, « qui ne voulait pas travailler » au cours de cette période (il travaille depuis) ne percevait que 550 euros par mois de revenus de solidarité. Son compte bancaire était faiblement alimenté et il était même clos quand certains des 137 chèques ont été émis.

La liste des achats est un inventaire à la Prévert : un chalet de jardin, une tractopelle, un chien Yorkshire, des vélos électriques, une statue, des matelas, un quad ou encore… 75 kg de viande. Et pour ce faire, il a dépensé à Amiens, mais il n’a pas hésité à faire de la route pour se rendre auprès de vendeurs professionnels à Ailly-sur-Somme, Poix-de-Picardie, Beauval ou encore Saint-Quentin, Beauvais et Saint-Étienne-du-Rouvray. Le trentenaire ne cherchait pas l’anonymat. Il fournissait sa carte d’identité et son permis de conduire aux vendeurs au moment de la transaction, même si des commerçants s’étaient bien méfiés de ce client qui sortait son chéquier si facilement et sans discussion, prenant la précaution de le prendre en photo et de relever l’immatriculation de son véhicule.

« Je croyais pouvoir m’arranger après avec la banque »

Cheveux en arrière, barbe, l’homme est venu s’expliquer à la barre du tribunal d’Amiens ce mardi 14 septembre, au matin. Il ne nie rien. L’enquête n’a pas établi qu’il avait revendu des objets achetés pour s’enrichir. Il soutient qu’il ne l’a jamais fait, qu’il ne cherchait qu’à faire plaisir. Mais avait-il conscience qu’il faisait des victimes ? Que ses dépenses frauduleuses ne pouvaient que mal finir ? « Je ne me posais pas la question. Je croyais que les gens étaient payés, avec les banques. […] Je croyais pouvoir m’arranger après avec la banque, quelque chose comme ça. »

Pour Me Cahitte, avocat de l’une des nombreuses parties civiles, l’escroquerie ne fait aucun doute, parce que les montants sont importants et parce que des chèques ont été émis alors même que le compte était clôturé : « Ce n’était même plus des moyens de paiement. » Me Diboundje, en défense, plaide la relaxe. « Si on était au café du commerce, la culpabilité ne ferait pas de doute, mais nous faisons du droit, et il n’y a pas de manœuvres frauduleuses », plaide-t-il, mettant en avant des affaires similaires où les prévenus ont été relaxés.

Le parquet n’a pas le même regard sur le dossier. Dénonçant le fait que l’Amiénois « veut nous faire croire qu’il est un Robin des bois des temps modernes », son représentant a requis 6 mois de prison avec sursis. La décision sera rendue le 21 septembre.

source courrier picard: https://premium.courrier-picard.fr/id230550/article/2021-09-14/lamienois-desargente-depense-173000-euros-en-11moisd: