JUSTICE

L’agresseur de Bourdon qui avait poignardé un voisin a fait face à ses victimes

La cour d’appel s’est penchée ce vendredi sur la responsabilité pénale d’un homme de 20 ans qui avait poignardé un voisin à une dizaine de reprises en 2019.Réagir Mis en ligne le 4/06/2021 à 15:59 

par Gautier LecardonnelL’agresseur était sorti de son domicile pour promener son chien, il s’en était pris à un voisin sans aucune raison.L’agresseur était sorti de son domicile pour promener son chien, il s’en était pris à un voisin sans aucune raison.

Le frêle Samarien à l’allure juvénile a fait face à ses deux victimes, ce vendredi matin. Arrivé sous escorte pénitentiaire dans le box des prévenus, l’homme de 20 ans était présenté aux magistrats de la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Amiens qui doivent se prononcer sur sa responsabilité pénale. Et tout porte à croire que le 16 juillet prochain, ils concluront que sa place n’est pas en prison mais dans une structure hospitalière. Et qu’il ne sera donc jamais jugé après avoir grièvement blessé un voisin en avril 2019, à Bourdon, près de Flixecourt (Somme).

Ce dernier se trouvait dans le sous-sol de sa maison, avec un voisin, quand il a vu ce jeune homme du village, au comportement étrange, entrer dans sa propriété. Il se dandinait, chuchotait à voix basse sans répondre aux questions, quand soudain, il a sauté sur l’homme de 58 ans et lui a asséné une dizaine de coups de couteau. L’intervention du voisin, avec une barre de fer, avait mis fin à l’agression, aussi sauvage qu’inexpliquée.

L’agresseur avait des propos incohérents. «  Des robots veulent me tuer et j’en ai tué un  », a-t-il dit notamment. Il sera noté aussi qu’il avait dit à propos du quinquagénaire que «  c’était un sale juif  » et qu’il était «  la réincarnation d’Hitler  ». Était-ce un acte antisémite ? Une étoile jaune avait été retrouvée dans sa chambre, et au cours de sa scolarité, des camarades lui avaient rasé le crâne en y dessinant une croix gammée. Ce vendredi, l’avocat général a demandé aux juges de retenir le caractère antisémite de l’agression. L’avocat du jeune homme, Me  Stéphane Diboundje, s’y est opposé, aucun élément ne permettant de l’affirmer, surtout qu’aucun des deux hommes agressés n’est de confession juive.

Les experts penchent pour une abolition du discernement

Très dignes, les deux victimes, assistées de Mes  Arnaud Godreuil et Margaux Machart, ont rapporté aux juges comment l’agression avait été traumatisante et qu’elle avait toujours des conséquences plus de deux ans après.

Si la volonté de tuer fait peu de doute compte tenu de la multiplicité des coups de couteau, le Samarien soutient que ce n’était pas sa volonté ce jour-là, même si ses souvenirs sont vagues. Les deux experts qui l’ont examiné, dont le psychiatre Roland Coutanceau, ont conclu à l’abolition du discernement au moment des faits. Le jeune homme souffre de schizophrénie. Et il présente un état dangereux. Après l’agression, l’homme s’en était pris aux gendarmes qui l’escortaient à l’hôpital d’Amiens où il avait été admis. En prison, il a essayé d’égorger un codétenu et tenté d’en étrangler un deuxième. L’avocat général ne s’est pas opposé à ce que l’irresponsabilité pénale soit reconnue. Il a demandé une hospitalisation d’office, une interdiction de se rendre à Bourdon pendant 10 ans, de posséder une arme pendant 20 ans et l’interdiction d’entrer en contact avec les victimes.Poursuivez votre lecture sur ce(s) sujet(s) :Police et justice|Bourdon (Somme)

source : courrier picard https://premium.courrier-picard.fr/id199515/article/2021-06-04/lagresseur-de-bourdon-qui-avait-poignarde-un-voisin-fait-face-ses-victimes