Trois ans après le drame, et alors que l’instruction de l’affaire est close, toute la lumière n’est pas faite sur l’affaire. Une question principale reste sans réponse : qui a mis le feu au camion à l’intérieur duquel se trouvait la victime ?

L’information judiciaire avait été ouverte pour tentative d’assassinat. L’instruction, menée par un magistrat de la cour d’appel de Douai (Nord), est close. Le procureur de la République vient de rendre son réquisitoire définitif. Et les Samariens échappent finalement à la pire mise en accusation devant la cour d’assises. Ils comparaîtront, pour violences ou incendie ayant entraîné une ITT supérieure à 8 jours, ou pour complicité. Pour le parquet donc, les six Picards impliqués dans ce dossier n’avaient pas l’intention de tuer la victime.

« Cramer le camion, cramer sa gueule »

Les faits ont eu lieu le soir du 14 décembre 2009, sur un terrain vague d’Arras (Pas-de-Calais). Un jeune homme de 24 ans est retrouvé gravement brûlé à côté de son camion qui lui sert d’habitation, entièrement détruit par un incendie. Les policiers interpellent rapidement des suspects à proximité du terrain vague : un jeune homme dont les chaussures sont maculées de sang, un deuxième avec une barre de fer, un troisième, une télévision dans les bras, et une jeune femme une canette de bière à la main.

L’enquête a rapidement conclu que ce drame était l’issue d’une bagarre qui a mal tourné. Avant que la victime ne se retrouve en flammes, elle a été rouée de coups.

La jeune femme retrouvée avec une bière à la main était l’ex-petite amie de la victime. La séparation avait été difficile. L’Amiénoise de 33 ans, qui avait été violentée par le passé, a expliqué aux enquêteurs qu’elle s’était rendue à Arras pour reprendre des affaires lui appartenant et se faire rembourser 800 € que son ex-ami lui aurait volés. Par peur de subir des violences, elle s’était faite accompagner par quatre amis et son frère. Elle était allée seule au rendez-vous fixé à la gare d’Arras. Ses proches l’avaient ensuite rejointe sur le lieu d’habitation de son ancien petit ami.

Au cours de l’instruction, les suspects ont reconnu avoir participé à la bagarre, à des degrés divers. Un pied de biche et un manche de pioche avaient notamment servi d’armes. Sur la route, les Amiénois avaient rempli un bidon d’essence.

Pourquoi ? Selon certaines explications, il s’agissait de brûler le camion de la victime. Et non pas de chercher à lui donner la mort.

Au cours de la procédure, un témoin, ami de la victime, a déclaré avoir entendu la jeune femme inciter la bande de Samariens à « cramer le camion et cramer sa gueule ». Elle a toujours nié avoir tenu de tels propos. Un des suspects a reconnu avoir versé de l’essence dans le camion, mais il a nié avoir mis le feu. Lorsqu’il a été allumé, la victime se trouvait encore dans le camion, inconsciente après avoir été rouée de coups.

« Ils ne se sont pas rendus à Arras pour tuer la victime ou pour lui mettre le feu. Ils étaient juste là pour protéger la jeune femme au cas où le rendez-vous tourne mal », insiste M e Stéphane Diboundje, l’avocat d’un des Amiénois. Le procès devrait avoir lieu en 2014.
GAUTIER LECARDONNEL

SOURCE : http://www.courrier-picard.fr