JUSTICE

Il n’y a plus d’affaire du Sdis de la Somme

Après des soupçons d’escroquerie et de concussion chez les pompiers, un non-lieu pour les sept personnes mises en cause, dont l’ancien directeur, vient d’être prononcé.Réagir Mis en ligne le 10/06/2021 à 16:36 

par Gautier LecardonnelL’affaire a miné le service de secours pendant des années. Elle est désormais close.L’affaire a miné le service de secours pendant des années. Elle est désormais close.

Il n’y a plus d’affaire du service départemental d’intervention et de secours (Sdis) de la Somme. Onze ans après l’accident d’un pompier volontaire, à l’origine de toute l’affaire, le juge d’instruction chargé de l’affaire a rendu une ordonnance prononçant un non-lieu en faveur de l’ancien patron des pompiers, le colonel Marc Dehédin, de son adjoint, le colonel Olivier Peycru, de la responsable du pôle juridique, ainsi que pour trois agents du Sdis qui avaient été mis en cause.

Rappelons les faits : le 10 juillet 2010, un pompier volontaire était victime d’un accident de la route alors qu’il était en intervention. Il a été sérieusement blessé, ce qui l’avait contraint à abandonner sa profession d’auto-entrepreneur. Le Sdis lui avait versé, entre 2010 et 2012, 148 000 euros d’avances sur préjudice, avant de demander le remboursement de ces sommes en se constituant partie civile lors de la procédure judiciaire liée à l’accident. Il avait été débouté pour la période intervenue après que le pompier soit consolidé, ce qui représentait une somme de 25 000 euros. Le pompier, conjoint d’une cadre mise en cause dans l’affaire, était devenu pompier professionnel en octobre 2011. Le montage financier d’indemnisation n’était pas légal. Et au cours de l’enquête, personne ne l’a assumé.

« Un immense gâchis »

Après que le procureur a requis un non-lieu pour tous les mis en cause l’an dernier, estimant que l’escroquerie n’existait pas et que la concussion était prescrite, le juge d’instruction a finalement rendu une ordonnance de non-lieu mais pour des motifs différents. La concussion, qui est le fait par une personne dépositaire de l’autorité publique de recevoir ou d’ordonner de percevoir une somme qu’elle sait ne pas être due, n’est pas établie à ses yeux parce que, d’une part, «  aucun ordre de percevoir n’a été émis  », et que, d’autre part, le pompier volontaire «  n’avait pas la qualité de personne dépositaire de l’autorité publique  ». Concernant l’escroquerie, à savoir avoir réclamé à la justice des sommes bien supérieures au préjudice réel de la victime, le magistrat estime que «  l’instruction n’a pas permis de caractériser des manœuvres frauduleuses  ».

«  Après trois longues années d’instruction au cours desquelles nous n’avons eu de cesse de clamer l’innocence et l’honnêteté de M. Dehédin, cette décision est on ne peut plus cohérente. Mon client est enfin rétabli dans son intégrité  », réagit Me Claire Gricourt, l’avocate de l’ancien patron des pompiers. Me Giuseppina Marras, avocate d’une mise en cause, parle d’un «  immense gâchis  » : «  Cette affaire aura brisé la carrière de ma cliente  ». Me Stéphane Diboundje, qui assiste le pompier accidenté et sa compagne cadre du Sdis, tient le même discours, il parle de «  vie brisée  » : «  Ils ont été suspendus plusieurs années et n’ont à ce jour jamais réintégré le Sdis. Ils ont dû verser 50 000 euros de caution pour des infractions qui ne tenaient pas en droit  ».Poursuivez votre lecture sur ce(s) sujet(s) :Police et justice|Amiens (Somme)|Somme

source courrier picard:https://premium.courrier-picard.fr/id201484/article/2021-06-10/il-ny-plus-daffaire-du-sdis-de-la-somme