Georges Brégère, 70 ans, a disparu en juin 2008 à Saleux, près d’Amiens. Récemment, son ex-épouse a été entendue dans le cadre de la garde à vue. Elle témoigne.

Cinq ans après la disparition de Georges Brégère, à Saleux, près d’Amiens, la piste de l’assassinat semble privilégiée par les enquêteurs après la réouverture du dossier. Son ancienne épouse a été placée en garde à vue dans le cadre de l’enquête le 27 juin. Cette garde à vue a été levée avant les 48 heures réglementaires, mais rien ne dit que cette sexagénaire ne sera pas mise en examen ultérieurement.

la-saine-colere-de-deux-avocats« Je n’en reviens pas. Je me demande comment on peut penser ça ! réagit-elle. Ils m’ont aussitôt mise en garde à vue, et on m’a tout de suite dit qu’on ne parlait plus de disparition inquiétante, mais que des éléments avaient été trouvés qui laissaient à penser qu’il s’agissait peut-être d’un assassinat en réunion ». La maison de la Samarienne, à Saleux, a été perquisitionnée le jour même : « Ils ont tout fouillé, ils ont pris tous mes agendas, et pleins de papiers. »

Le couple a divorcé avant la disparition. Elle explique qu’il a quitté le foyer le 1 er mai 2007. « Il est allé vivre jusqu’en octobre 2007 chez ses filles. L’une d’elles l’a poussé dehors. Il est venu pleurer, c’est vrai que j’ai hésité mais je l’ai laissé rentrer, ça a été mon tort. » Le couple cohabite. « Je partais souvent la semaine, et je revenais le week-end », dit-elle. Selon cette femme, le retraité avait l’intention de retaper une grange pour se loger à Namps-Mesnil. « Mais au fur et à mesure que ça avançait, il ne voulait plus. »

Georges Brégère vivait très mal la séparation. « Il a été choqué, il ne s’y attendait pas. » Tombé en dépression, il a fait des séjours à l’hôpital Pinel. « Il voulait qu’on se remarie. Je lui disais qu’il en était hors de question », raconte son ex-épouse. « Il me disait : « Si je ne te récupère pas, pour moi, c’est fini. » »

« Pourquoi je lui aurais fait quelque chose ? »

Que s’est-il passé le 23 juin 2008 ? « Il a sorti son vélo de la cave. Il a passé le portail pour, je pense, aller faire un petit tour et l’essayer. Puis il est revenu, il a déposé son vélo contre le lampadaire. Moi j’ai continué mes occupations, j’ai tondu ma pelouse, etc., et je suis rentrée. En début d’après-midi, je me suis aperçue que le vélo n’était plus dans la cour. Je me suis dit qu’il était parti se promener. Ce n’est que le soir que je me suis rendue compte que le vélo avait été raccroché dans la cave. » L’homme aurait donc quitté le domicile à pieds. La sexagénaire explique avoir cru dans un premier temps qu’il était parti volontairement : « Pendant un an, je me suis dit qu’il se cachait. Qu’il serait revenu en disant, « J’ai changé. » » Ce sont les filles du disparu qui ont prévenu les autorités le lendemain matin.

L’aide-soignante à la retraite, malgré les circonstances, garde des mots durs envers son ex-mari avec qui elle a vécu durant 24 ans : « Il ne me tapait pas, mais il me harcelait. Il était tout le temps en train de me dire que j’étais une bonne à rien, que je ne savais rien faire, il me rabaissait. (…) Il avait un caractère comme ça, toujours à emmerder le monde. Depuis qu’il était en retraite, il ne s’en prenait qu’à moi. »

Pense-t-elle qu’il est décédé ?

« Je ne sais pas. Comme je ne l’ai jamais vu mort, je me dis qu’il est peut-être quelque part. » Et cela même si aucun mouvement n’a eu lieu depuis cinq ans sur son compte bancaire.

La Samarienne insiste : « Pourquoi je lui aurais fait quelque chose ? Tout était fini entre nous, les papiers étaient faits ». Son avocat, M e Stéphane Diboundje, ne comprend pas pourquoi sa cliente a été entendue sous le régime de la garde à vue : « Nous n’avons pas de preuves, pas d’aveux, pas de mobile, et surtout pas de cadavre. Nous n’avons même pas la certitude que la personne disparue est morte ! »
GAUTIER LECARDONNEL

Source Le Courrier Picard