Amiens: prison ferme requise contre les chefs d’entreprise

Banqueroute, abus de biens sociaux, les mots sont lourds mais pas autant que les chiffres : deux et un an ferme requis contre Sébastien P. et Jean-François B., 34 et 46 ans, à l’audience de ce jeudi par le parquet d’Amiens. Le jugement a été mis en délibéré au 11 février.Réagir Mis en ligne le 21/01/2021 à 15:36 

par Tony PoulainL’entreprise avait son siège dans la tour Perret à Amiens.L’entreprise avait son siège dans la tour Perret à Amiens.

Les deux hommes étaient président et directeur du GESTE (groupement d’employeurs de soutien pour le travail par l’éducation), liquidé en juillet 2015 mais aussi de l’entreprise de formation (toujours en activité). On leur reproche – pour ce qu’on en comprend ! – d’avoir fait passer d’importantes sommes d’une entreprise à l’autre, d’avoir omis de nommer un commissaire aux comptes alors qu’ils percevaient largement plus de 153 000 euros de subventions par an, d’avoir réglé des frais personnels sur le compte des sociétés et d’avoir fait signer des contrats de travail alors que le GESTE était placé en redressement. On ne parle pas de petites sommes : « Vous avez touché en deux ans, entre 2013 et 2015, plus de 500 000 euros de subventions publiques, l’entreprise a fini avec 700 000 euros de passif », résume le procureur.

« C’est de l’acharnement judiciaire ! » s’exclament en chœur Me Diboundje et Bibard, qui énumèrent la longue série de procédures pénales, commerciales et fiscales, dont Sébastien a fait l’objet depuis 10 ans. Il s’en est plutôt bien sorti, à vrai dire, à l’exception d’une petite condamnation pour abus de bien social en 2013.

« De l’acharnement »

Ce Sébastien est l’attraction de l’audience. Brillant, éloquent, il fait le show. On ne sait s’il convainc les juges mais au moins il les fait sourire. Il explique son domaine de prédilection : la formation et l’insertion par l’emploi « des abandonnés du système, des illettrés des quartiers qui étaient parfois physiquement menaçants quand ils venaient réclamer leur paie, alors que moi, j’attendais des subventions de l’État, toujours en retard ». Le GESTE embauchait, touchait les aides (parfois jusqu’à 70 % du contrat) et mettait les salariés à disposition des entreprises.

Sébastien rit des allégations du parquet : « On donne l’impression que je vis la nuit sur des fonds publics ! Que je roule en voiture de sport alors que c’est un copain qui l’avait laissée garée chez moi ! » Du coup, quand le président lui fait remarquer que, professionnellement, il est « la voiture-balai de l ’Éducation Nationale » le prévenu a ce clin d’œil : « Disons plutôt une Porsche-balai… »

 TONY POULAIN

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source courrier picard https://premium.courrier-picard.fr/id157842/article/2021-01-21/amiens-prison-ferme-requise-contre-les-chefs-dentreprise