Amené de force, vingt-quatre heures en retard, à son procès pour viol, un Amiénois de 68 ans a été envoyé en prison vendredi.

Stephan S. avait déjà intrigué le juge d’instruction en faisant de l’humour alors qu’il était interrogé dans le cadre de sa mise en examen, pour un crime – le viol sur mineur – passible de 20 ans de réclusion. De même, sa manière de réfuter les accusations de son ex-belle-fille a pu laisser songeur, quand il n’a pas dit « non », mais « je ne me souviens pas ».

« Je ne pense pas que c’est mon genre », a-t-il répété à la courte audience de ce vendredi 13 mars. Sa comparution était pourtant prévue la veille mais il ne s’est pas présenté au palais de justice. « Il a fait un malaise, il était désorienté », arguent ses avocats quand partie civile et parquet croient plus simplement savoir qu’il « a eu peur et s’est caché ». Les policiers aussi, étaient planqués devant son logement du centre d’Amiens pour le cueillir à 6 heures du matin…

« Si c’est comme ça… »

Vendredi, après de longues hésitations sur la procédure à suivre, la cour a finalement placé Stéphan S. sous mandat de dépôt puis renvoyé le procès, certainement aux 25 et 26 juin prochains. « Son absence montre bien le peu de garantie de représentation que l’on peut attendre de lui », a soutenu le procureur Boussuge, guère démenti par les propres avocats du retraité, Mes Diboundje et Demarcq, ni même par l’homme qui s’apprêtait à dormir en prison : « Ce n’est pas à moi de décider. Si c’est comme ça, c’est comme ça… »

Une plainte tardive

La présumée victime n’est peut-être plus à ça près. Elle a pourtant été choquée par les atermoiements de l’accusé et ce nouveau report, au point de quitter plusieurs fois la salle d’audience, en larmes. « C’est un manque total de respect », a regretté son conseil Me Anne-Laure Pillon.

Sa cliente attend la fin d’une très longue histoire. En effet, elle accuse Stéphan S. de lui avoir fait subir des attouchements et des pénétrations digitales entre ses 12 et ses 18 ans, de 1990 à 1996. Or elle n’a porté plainte qu’en 2011, à l’âge de 33 ans. La prescription en la matière court pendant vingt ans à partir de la majorité. Cette révélation tardive sera évidemment un argument de défense, quand bien même l’expérience démontre que cette jeune femme ne serait pas la première à subir longuement un calvaire sans jamais se plaindre…

SOURCE : COURRIER PICARD