JUSTICE

Abbeville: une supérette de la drogue aux Provinces

Sept jours sur sept, on trouvait entre 2017 et 2019, de la drogue dans la ZAC des Provinces, grâce à un réseau en partie jugé ce mardi.RéagirMis en ligne le 19/05/2020 à 17:34La ZAC des Provinces est un des quartiers difficiles de la capitale du Ponthieu. (Archives)La ZAC des Provinces est un des quartiers difficiles de la capitale du Ponthieu. (Archives)

Il y a quelque chose de frustrant à juger cinq hommes pour un trafic de stupéfiants, entre 2017 et 2019, dans la ZAC des Provinces à Abbeville, tandis que la tête du réseau et son principal lieutenant ne comparaîtront, au mieux, qu’en juillet. Si Jordy R., 26 ans, toujours en détention provisoire, n’est pas là en ce mardi matin, ce n’est pas de sa faute. Les Douanes ont interjeté appel de son renvoi et il faut attendre l’arrêt de la chambre de l’instruction. Quant à Brandon B., 23 ans, son bras droit, il est introuvable.

Restent donc cinq sous-fifres, contre lesquels la procureure requiert entre trois mois avec sursis et huit mois ferme. Le premier impliqué fut Olivier, 21 ans, dit Kirikou. Et pour cause : il tenait le point de vente du hall d’immeuble sis au 10 rue de Picardie. Une « supérette » de la drogue, selon les termes du parquet, ouverte sept jours sur sept, de 10 à 22 heures. Une boîte aux lettres permettait d’entreposer le « matos », une prise de courant de recharger son portable, et un fauteuil d’attendre confortablement le client.

Si les policiers se sont intéressés à cette adresse, c’est qu’un informateur prévenant les avait orientés vers elle, et n’aurait de cesse de leur fournir des détails tout au long de l’instruction. Il avait désigné le méchant dont – comme dans Dallas – les initiales sont JR.

Une machine à compter les billets  !

À la barre, l’absence du présumé caïd permet d’imaginer les pires turpitudes. C’était d’ailleurs la crainte exprimée par son conseil Me Combes, qui désirait que tout le monde fût jugé en même temps. Pour autant, ses anciens amis ne l’accablent pas. Un procès de stups, c’est toujours le festival de Cannes. Cette fois, la palme revient à Wilson, 26 ans, qui soutient sans rire : « J’avais besoin d’argent, je me suis dit que j’allais revendre du stup. Je me promenais dans Abbeville, par hasard, je suis tombé sur un gars dont je ne connais pas le nom et que m’a proposé de me fournir cinquante grammes ». C’est tellement gros que son avocat Me Diboundje croit utile d’intervenir : « Est-ce que, plutôt que de raconter n’importe quoi, vous ne pourriez pas dire que vous avez peur des représailles ? » Son client l’admet : « Oui c’est ça ».

Il est question de cannabis, mais aussi de cocaïne et d’héroïne. Jordy n’était pas un importateur, même si Abbeville n’est pas si éloignée de la Belgique. Il se fournissait auprès de grossistes à Amiens et Paris. Aux Provinces, des petites mains revendaient, plus ou moins de grammes, sur de plus ou moins longues périodes, selon leur place dans la hiérarchie. Ce n’est pas un cartel colombien mais pas un petit trafic non plus : l’instruction fourmille de pactoles en liquide dans des coffres, d’armes de poing et même d’une machine à compter les billets !

Jugement : Nicolas Delannoy, 22 ans, dix mois ferme ; Cyril Ternisien, 23 ans, neuf mois dont trois ferme ; Olivier C., 21 ans, cinq mois avec sursis ; Jérémy D., 28 ans, quatre mois avec sursis probatoire ; Wilson R., 26 ans, 105 heures de TIG.Ailleurs sur le Web

source courrier picard https://premium.courrier-picard.fr/id86797/article/2020-05-19/abbeville-une-superette-de-la-drogue-aux-provinces