FAITS DIVERS

À Amiens, le vigile du supermarché accusé de violence et racisme

Une plainte est déposée par une mère de famille contre le vigile d’un magasin Aldi à Amiens. La Licra et SOS Racisme se constituent partie civile dans cette affaire.Réagir Mis en ligne le 28/12/2020 à 18:13 

par Gautier LecardonnelL’Amiénoise, mère de trois enfants, souffre d’un traumatisme facial.L’Amiénoise, mère de trois enfants, souffre d’un traumatisme facial.

Elle recherche dans son téléphone, puis tend les photos : «  Regardez  ». Le visage de la jeune femme y apparaît déformé, bien enflé sur le côté gauche. Un médecin a conclu à un traumatisme facial, et l’incapacité temporaire de travail est fixée entre 6 et 10 jours. Yamina, 33 ans, est toujours choquée après l’agression subie jeudi 17 décembre sur le parking du magasin Aldi, quartier Mariveaux à Amiens. «  Le moral n’est pas là  », dit-elle. Pour son avocat, Me Stéphane Diboundje, cette mère de trois enfants a été victime de la part du vigile assurant la sécurité de l’enseigne ce jour-là de «  violences, mais aussi de sexisme et de racisme  » : «  Ce n’est pas tolérable  ».

Au départ, une prise de bec entre clientes

L’origine de l’affaire est une banale prise de bec entre clientes. Yamina, accompagnée de sa nièce de 18 ans, fait quelques courses pour fêter l’anniversaire de sa fille de 8 ans, présente avec elle dans le magasin. L’Amiénoise d’origine algérienne n’a pas de chariot, mais un carton qu’elle souhaite déposer sur le tapis, son bras la faisant souffrir. Cela provoque une altercation avec l’une des trois femmes voilées se trouvant devant elle dans la file. «  Elle a commencé à m’insulter en berbère. Je lui ai demandé de me parler en français, elle m’a lancé “ Moi je suis arabe, toi tu es française”  ». Yamina s’énerve, élève la voix, et le vigile intervient : «  Il m’attrape au niveau de la poitrine, il veut me faire sortir, mais je résiste  ». L’Amiénoise finit par sortir.

Me Stéphane Diboundje, avocat de Yamina, et Lucien Fontaine, délégué de la Licra, dénoncent le comportement du vigile.
Me Stéphane Diboundje, avocat de Yamina, et Lucien Fontaine, délégué de la Licra, dénoncent le comportement du vigile.

«  Le vigile m’insultait de pute en arabe. Les employés lui disaient de se calmer  ». Rejointe à l’extérieur par ses proches, elle range ses courses dans sa voiture, s’installe au volant, quand elle voit l’agent de sécurité arriver. Il prend sa plaque d’immatriculation en photo. «  Il a dit “Ta plaque, c’est pour moi, t’inquiète, on est au quartier”. Je lui ai lancé un fond de gobelet d’eau pour qu’il arrête, et il était très agressif, il m’insultait : “Les Arabes de France comme toi, vous êtes toutes des putes. Quand on est une fille de pute, on sort pute ”  ». Yamina lui met alors une gifle. «  D’un seul coup, il me met un violent coup de poing à la mâchoire. Je suis tombée au sol. Je l’ai entendu m’insulter encore  ». Le vigile disparaît alors dans le magasin. L’Amiénoise, consciente mais sonnée, est aidée par trois jeunes filles qui attendaient à l’arrêt de bus et qui ont vu la scène. Yamina est prise en charge par les pompiers et évacuée à l’hôpital.

«  Nous avons ici un vigile qui est en roue libre !  », dénonce Me Stéphane Diboundje. Parallèlement à la plainte déposée au commissariat d’Amiens, l’avocat a interpellé la direction d’Aldi par courrier, lui demandant notamment : «  Comment l’enseigne peut -elle tolérer de tels agissements ?  ».

La direction d’Aldi n’a, pour l’heure, pas répondu à nos sollicitations.Soutenue par les associations de lutte contre le racisme

Lucien Fontaine, délégué de la Licra dans la Somme, justifie que la l’association se constitue partie civile : «  Nous considérons que l’on n’a pas à désigner une personne par son origine. On n’a pas, après une altercation à une caisse, à mettre une personne dans un coin en lui disant : “toi, tu n’es pas une Arabe comme les autres”. C’est discriminant et raciste. C’est à l’enseigne de discuter avec ce salarié. Il n’a pas à insulter, à donner un coup de poing, il est là au contraire pour calmer les choses.  

SOS Racisme est sur la même ligne : l’association dénonce «  un comportement raciste, sexiste et violent  » envers cette jeune femme et demande «  que toute la lumière soit faite sur cette affaire  ».Poursuivez votre lecture sur ce(s) sujet(s) :Racisme|Police et justice|Aldi

source : courrier picard https://premium.courrier-picard.fr/id152011/article/2020-12-28/amiens-le-vigile-du-supermarche-accuse-de-violence-et-racisme