JUSTICE
Lynché pour 10 euros: les ados condamnés
Hébergés en foyer, ils avaient abandonné leur victime de 13 ans gisant dans un vieux wagon à Longueau (Somme).
Mis en ligne le 4/06/2019 à 16:12 par Gautier Lecardonnel
La victime a été battue pendant de longues heures dans ce wagon abandonné en 1986.
La victime a été battue pendant de longues heures dans ce wagon abandonné en 1986.
Ils ont échappé à la cour d’assises des mineurs. Trois adolescents, qui avaient 13, 16 et 17 ans au moment des faits en avril 2018, ont été jugés ce lundi devant le tribunal pour enfants pour violences volontaires avec armes et en réunion, entraînant une incapacité totale de travail supérieure à 8 jours (une procédure criminelle avait été ouverte, mais le juge d’instruction, tout comme le parquet, a écarté la volonté de tuer). Les faits sont extrêmement graves.
Les quatre ados étaient hébergés dans le même foyer, à Amiens. Ludovic, 13 ans, est devenu la cible de ses agresseurs pour un motif futile. Ils lui ont reproché d’être « une balance » parce qu’il se serait plaint à l’oncle de l’un d’eux d’avoir été racketté de 10 euros. Son calvaire a commencé dans le foyer où il a été obligé de lécher leurs crachats. Ludovic a ensuite été emmené en bus à Longueau, dans un lieu isolé : un wagon abandonné. Là, il a été passé à tabac pendant de longues heures : coups de poing et de pied, de bâton, ses cheveux sont brûlés, il est étranglé… Les trois ados auront une discussion pour savoir s’il était préférable d’achever leur victime, désormais méconnaissable, avant de quitter les lieux.
Quatre ans de prison dont 30 mois avec sursis
Ludovic passera la nuit dans ce sordide wagon. Il n’a été retrouvé que le lendemain après-midi par un agent de la SNCF, errant sur les voies de chemin de fer, vêtu d’un simple caleçon et d’un morceau de rideau du wagon sur les épaules. À la police, le garçon n’avait pas tout de suite dénoncé ses agresseurs.
Ludovic était présent à l’audience ce lundi. Du trio, il en manquait un : il a fugué juste avant son procès. Les deux ados présents ont reconnu les faits, même si une divergence subsiste avec les explications de la victime, cette dernière soutenant avoir été jetée d’un pont, ce que les adolescents contestent. « Mon client a exprimé des regrets et de la honte », commente Me François-Julien Schuller. Pour Me Stéphane Diboundje, avocat d’un autre ado, le trio est composé de « mineurs en perdition » qui, au final, « ont été sanctionnés à hauteur de leurs actes ».
Deux adolescents ont été condamnés à 4 ans de prison, dont 30 mois avec sursis, avec maintien en détention pour l’un d’eux, et le troisième à 18 mois de prison avec sursis.
GAUTIER LECARDONNEL
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