VIE MUNICIPALE

L’ancienne chef de cabinet du maire d’Amiens contre-attaque

L’ancienne chef de cabinet, plutôt appréciée de ses supérieurs lorsqu’elle était en poste, a entamé en avril 2017 une procédure auprès du tribunal administratif.

L’ancienne chef de cabinet, plutôt appréciée de ses supérieurs lorsqu’elle était en poste, a entamé en avril 2017 une procédure auprès du tribunal administratif. 

Voilà une affaire dont le cabinet du maire d’Amiens aurait certainement préféré qu’elle ne s’ébruite pas. Sauf qu’au printemps 2016, des fuites ont fait état de nombreuses tensions au sein même du cabinet. Des échanges verbaux musclés, mais aussi des échanges de SMS parfois maladroits, que nous avons pu consulter, entre plusieurs membres du cabinet ainsi que son directeur, Fabrice Hinschberger.

Au final, la décision a été prise le 31 mai 2016 de licencier la chef de cabinet au motif d’une «  rupture du lien de confiance caractérisée par des messages SMS et une impossibilité d’échanger sereinement ».

Pendant plus d’un an et demi, l’ex-chef de cabinet a préféré se murer dans le silence et déposer en avril 2017 une requête auprès du tribunal administratif pour faire condamner la Ville à verser des dommages et intérêts à hauteur de 95 000 euros, correspondant à la perte de revenus entre ce qu’elle aurait dû toucher jusqu’à la fin du mandat de Brigitte Fouré et son nouveau statut de rédacteur territorial, qu’elle occupe désormais.

« La collectivité parle de perte de confiance et de difficulté à échanger sereinement avec ma cliente. C’est curieux, quand on voit qu’un mois avant, le maire écrit, dans un bilan au sujet de la chef de cabinet, que ses qualités professionnelles sont indéniables. Quant aux SMS dont ils parlent, ils n’ont pas de caractère indélicat », souligne son avocat, Me Stéphane Diboundje, qui suit également d’autres dossiers en mairie : un cadre du service jeunesse de la Ville qui a déposé une plainte au pénal le 20 décembre dernier pour harcèlement, ou un ancien agent de maîtrise du service nettoiement poursuivi pour corruption passive.

 

« Je m’étais beaucoup investie pour Madame Fouré »

La chef de cabinet était en poste depuis avril 2014. Elle souhaite pour la première fois faire état de son dossier, sans que son nom ne soit cité car elle est toujours rattachée à la collectivité. «  Je suis très déçue, car je m’étais beaucoup investie pour Madame Fouré, aussi bien pendant la campagne des municipales que lorsqu’elle était députée européenne. Déçue aussi de la manière dont j’ai été évincée. »

Elle présente ses évaluations professionnelles, datant de six mois avant son licenciement (septembre 2015). Le maire Brigitte Fouré en disait le plus grand bien : « Elle s’est adaptée avec une grande facilité à ses nouvelles fonctions. Elle a su gérer l’énorme charge de travail, mais aussi le stress des urgences quotidiennes », y est-il écrit. Le directeur de cabinet Fabrice Hinschberger allait dans le même sens : « Elle apporte par sa rigueur, son sens de l’organisation et ses capacités d’initiative assez remarquables, une aide très précieuse au cabinet de Madame le maire  ».

Pour Me Stéphane Diboundje, « on ne vire pas quelqu’un quand tout se passe bien. Les motifs invoqués pour justifier le licenciement ne sont pas pertinents ». Contactée ce mardi sur ce dossier, la mairie a refusé toute communication, du fait que l’affaire est toujours entre les mains de la justice.

CHRISTOPHE BERGER