Un patron de bar amiénois répondait hier de violences commises sur un citoyen américain. Il a plaidé la légitime défense. Jugement le 23 janvier.

Impossible de trouver deux thèses plus différentes que celles de Marc, patron du Seven, un bar de Saint-Leu et Samaran, citoyen américain en goguette dans ce quartier festif, le 6 septembre 2012.

Marc, 30 ans, explique que Samaran et un ami, avocat américain, sont entrés dans son établissement vers deux heures du matin. Une première discussion a porté sur la casquette que portait l’ami. « Et puis j’ai vu que ce monsieur (il désigne Samaran) s’approchait d’un groupe de jeunes filles. J’ai distingué sa main qui se retirait et une cliente qui réagissait. Pour moi, il venait de lui mettre la main aux fesses. Je les ai priés de sortir. L’autre personne s’est éloignée mais ce monsieur est venu vers moi, poing tendu. Je lui ai donné une claque, puis une deuxième et je l’ai fait tomber d’une balayette. Je l’ai maintenu au sol avec mon genou. Puis ils se sont éloignés sur le pont. Je suis resté sur ma terrasse ».

Samaran développe une autre thèse : « Je flânais. Je n’ai jamais mis les pieds dans son bar. Cette personne, avec d’autres, m’a agressé sur le trottoir. Je cherche encore pourquoi. J’ai réussi à me traîner de l’autre côté du pont. Là, j’ai vu des policiers (NDLR : police nationale ou municipale, il ne peut le dire). J’ai appelé au secours mais ils m’ont dit qu’ils ne faisaient pas taxi. Puis ils ont parlé avec le patron de bar et ils ont ri ».

La seule certitude, c’est que Samaran, un quinquagénaire, soigne depuis une rupture des ligaments et une fracture du tibia.

Me Diboundje, avocat de Marc, suggère que l’Américain a pu être mêlé à une autre altercation après celle du Seven. « Parce que traverser le pont avec les ligaments cassés, c’est impossible. On est cloué au sol et on attend une civière. »

« Il faut arrêter de nous prendre pour des imbéciles ! », rétorque Me Berriah, pour qui cette version du deuxième groupe ne sert qu’à « tenter de noyer le poisson ». Quant à la main aux fesses… « Mon client est homosexuel. Ce n’est pas son genre ! » La procureure Françoise Dale la rejoint, qui requiert trois mois de prison avec sursis.

Un point fait au moins l’unanimité : « l’inertie des policiers », telle que décrite par Me Diboundje. Les caméras de surveillance du Seven avaient en effet filmé toute la scène mais comme les fins limiers ne les ont requises que cinq semaines après les faits, la vidéo avait été effacée…

Source Le Courrier Picard