Aux assises de la Somme, l’homme qui a avoué avoir violé sa femme et sa fille, a été condamné à une peine de treize ans.

L’homme de 49 ans, habitant de la côte picarde, accusé d’avoir violé sa femme à au moins deux reprises avec un légume et une bouteille d’apéritif, a été condamné à treize ans de réclusion, hier soir à Amiens. Un verdict qui a suivi la réquisition de l’avocat général Jérôme Betoulel, qui l’avait accusé encore d’être « allé plus loin dans l’abjection », en violant à plusieurs dizaines de reprises sa fille, alors âgée de treize à quinze ans.

La défense, représentée par Me Diboundje et Godreuil, avait exhorté les jurés à alléger cette peine. Le premier a souligné que « lors de cette même session, un homme qui a tué sa femme n’a été condamné qu’à six ans ». Le second a rappelé toutes les incohérences des témoignages : « Finalement, la seule chose fiable dans ce dossier, ce sont les aveux de mon client. Et sans eux, ce soir, nous serions tous très embêtés ».

Mais l’essentiel n’est-il pas ailleurs ?

Ailleurs, dans la souffrance d’une jeune fille devenue femme, qui n’a pas quitté pendant deux jours la photo de sa propre petite fille de 7 ans, celle pour qui elle a eu le courage, en 2009, de porter plainte alors que les faits avaient été commis dix ans plus tôt. Ailleurs dans ses larmes quand elle a confié qu’elle s’était longtemps tue parce que le remords « de ne pas avoir dit non » la rongeait.« Insidieusement, il avait réussi à lui faire croire qu’elle était presque d’accord », pointe son avocate Me Marras.

Ailleurs dans le témoignage d’une épouse humiliée et violée, victime pendant plus de vingt ans d’un despote maladivement jaloux, mais avant tout torturée, aujourd’hui comme hier et certainement demain, de ne pas avoir su voir ce que le père faisait à l’enfant. « Aujourd’hui, il vous revient de lui dire qu’elle est quelqu’un de bien, pas juste bonne à ramener sa paie et à se coucher sur le canapé », a confié aux jurés Me Bignan.

Ailleurs, enfin, dans ce moment poignant où pour la première fois l’homme a fait face à ses victimes. Il a posé ses lunettes, s’est effondré en larmes et a bredouillé : « Tu es ma fille et je sais que je t’ai perdue. Tu n’as rien à te reprocher. Ça fait 14 ans que je regrette. Pardon à vous tous. »

En face, elle a soutenu son regard. Et pour la première fois en 48 heures, a semblé respirer librement…

TONY POULAIN

Source Le Courrier Picard