République démocratique du Congo : guet-apens pour deux Français à Kinshasa

Frédéric Boyenga Bofala (à gauche) et Pablo Diumbu Ndjeka, deux ressortissants français installés de longue date dans la Somme, ont été enlevés dans la nuit du 17 au 18 novembre à Kinshasa.

Une enquête préliminaire a été ouverte en France après la disparition de deux hommes dans un hôtel de la capitale de la République démocratique du Congo.

Cela fait plus de deux mois qu’ils ont disparu. De longues semaines d’angoisse pour leurs proches restés ans nouvelles. Frédéric Boyenga Bofala, 56 ans, et Pablo Diumbu Ndjeka, 38 ans, ont été enlevés dans la nuit du 17 au 18 novembre dans leur hôtel de Kinshasa, la capitale de leur pays d’origine, la République démocratique du Congo (RDC). Un acte vraisemblablement commis par des membres de la garde républicaine. Selon nos informations, la justice vient de se saisir du cas de ces deux ressortissants français installés de longue date dans la Somme et qui ne devaient effectuer qu’un séjour de dix jours en RDC, où ils étaient arrivés le 13 novembre.

Un contexte politique incertain

Après la plainte déposée par M e Stéphane Diboundje, l’avocat de la famille de Pablo Diumbu Ndjeka, le parquet d’Amiens a ouvert ce vendredi une enquête préliminaire. Les qualifications retenues à ce stade sont explicites : « enlèvement et séquestration », « détention arbitraire par personne dépositaire de l’autorité publique » et « disparition forcée ». Les investigations ont été confiées à la PJ de Lille et à l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP), le service spécialisé chargé des atteintes commises contre les Français à l’étranger.

Docteur en droit international public et ancien enseignant chercheur à l’université Lille-II, Frédéric Boyenga Bofala avait été invité en RDC par le ministre de l’Intérieur. Car le juriste est aussi président d’un microparti congolais, l’Union pour la République-Mouvement national (Unir-MN), qui revendique une troisième voie entre la majorité et l’opposition. Une visite dans un contexte particulier : le mandat du chef de l’Etat, Joseph Kabila, est théoriquement fini et la RDC vit une période de transition politique incertaine.

Les autorités congolaises n’ont pas réagi

Frédéric Boyenga Bofala avait décidé de voyager avec son ami Pablo Diumbu Ndjeka. Patron d’une entreprise de sécurité et videur occasionnel dans des bars du quartier estudiantin d’Amiens, ce père de quatre enfants devait lui servir de guide. Ce dernier n’a aucun engagement politique. Les deux hommes ont été appréhendés le 17 novembre dans l’hôtel le plus luxueux de Kinshasa « par des éléments de la garde républicaine devant témoins », dénonce Me Diboundje dans sa plainte.

Dans un communiqué, le parti de Frédéric Boyenga Bofala accuse le ministre de l’Intérieur d’avoir tendu un « guet-apens ».

Depuis la disparition des deux hommes, dont nul ne sait où ils se trouvent, les autorités congolaises n’ont pas réagi. Dans un courrier du 5 janvier adressé à Me Diboundje, le chef de cabinet de François Hollande admet que Kinshasa n’a pas répondu à la demande de protection consulaire formulée dès le 21 novembre. « L’ouverture de l’enquête préliminaire, qui plus est pour des motifs aussi graves, est une excellente nouvelle, réagit M Caroline Wassermann, la seconde avocate de Pablo Diumbu Ndjeka. J’espère que les dirigeants de la RDC comprendront qu’ils ne peuvent pas se comporter comme la mafia. »

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