Mort d’un bébé à Albert : « Une défaillance criminelle »

Le père de la petite de 15 mois décédée dans la nuit du 13 octobre a demandé, sans succès, à sortir de prison ce vendredi 27 octobre. Pour l’avocat général, « il ne pouvait pas ne pas savoir » la situation.

Les services d’urgence pédiatrique étaient intervenus dans cet immeuble à Albert le soir du 12 octobre. Le bébé était en arrêt cardiaque.
Les services d’urgence pédiatrique étaient intervenus dans cet immeuble à Albert le soir du 12 octobre. Le bébé était en arrêt cardiaque. – GAUTIER LECARDONNEL
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Par GAUTIER LECARDONNELPublié:27 Octobre 2023 à 17h28Temps de lecture:3 minPartage :

Mickaël L., 35 ans, le père du bébé, a demandé à sortir de prison, contrairement à la mère, qui elle aussi est en détention. « Il ne s’agit pas de rajouter du malheur au malheur. Il a perdu un enfant, les deux autres sont placés », a plaidé son avocat, Me Stéphane Diboundje, devant les magistrats de la chambre de l’instruction ce vendredi 27 octobre.

Catalya, née le 7 juillet 2022, est décédée à l’hôpital d’Amiens au cours de la nuit du vendredi 13 octobre, à 0 h 23. Elle venait d’avoir 15 mois. L’autopsie a révélé que le bébé était dans un « état rachitique +++ », qu’il présentait « une très mauvaise hygiène corporelle ». L’enfant pesait 4,8 kilos avec sa housse et l’appareil d’intubation. Soit moins de 4 kilos. Les gendarmes avaient découvert que dans son lit, le drap était collé au matelas à cause de sa saleté.

Les parents ont expliqué lors de la procédure que la petite vomissait depuis environ 3 mois. La mère rapportera avoir essayé de varier son alimentation, mais sans succès. Et l’enfant n’a pas cessé de maigrir. Jamais pourtant elle n’a été emmenée chez le médecin. Le père soutient qu’il a encouragé la mère à le faire, mais qu’il n’a pas « vérifié » que ça avait été fait. De son côté, la mère a rapporté ne pas avoir emmené son enfant chez le médecin en raison de ses réticences envers les vaccins. Le carnet de santé de Catalya est vide, hormis une visite médicale le 27 juillet 2022, 20 jours après sa naissance.

Vous imaginez les médecins de l’hôpital qui ont trouvé cet enfant dans cet état et qui apprendraient que monsieur est remis en liberté ?

Alain Leroux, Avocat général

Me Diboundje souligne que c’est son client qui a alerté les secours le soir du 12 octobre lorsqu’il a vu que la petite était inconsciente. Il rappelle que le père, sans domicile fixe après une incarcération en raison de violences conjugales, ne venait dans le foyer qu’occasionnellement, à la demande de la mère, et qu’il n’avait jamais vu sa fille nue. « Il ne pouvait pas ne pas savoir la situation », répond l’avocat général Alain Leroux. Le père ne s’était jamais véritablement inquiété des vomissements incessants, ou du fait que le bébé ne marchait pas, ne se déplaçait pas à quatre pattes, qu’il n’attrapait ni son biberon ni aucun jouet. Le magistrat parle d’une « forme d’abandon» des parents, et d’un bébé mort «d’un manque d’alimentation, de soins, d’hygiène».

L’avocat général a dénoncé des « faits gravissimes » à l’audience de ce vendredi, d’une « défaillance criminelle du père et de la mère » dans cette affaire. S’il s’oppose à la remise en liberté du père, c’est non seulement pour préserver l’enquête et que les futures auditions de témoins ne soient pas polluées, mais c’est aussi pour éviter le trouble à l’ordre public : « Vous imaginez les médecins de l’hôpital qui ont trouvé cet enfant dans cet état et qui vont apprendre que monsieur est remis en liberté ? Si j’étais médecin, je serais scandalisé ! »

source courrier picard: https://www.courrier-picard.fr/id461391/article/2023-10-27/mort-dun-bebe-albert-une-defaillance-criminelle