L’oncle de Buigny-l’Abbée est renvoyé aux assises pour meurtre

L’instruction est close après la mort de Kévin Vanthournout, 21 ans, en juillet 2018 à Buigny-l’Abbé près d’Abbeville. La légitime défense n’a pas été retenue.
Mis en ligne le 14/09/2019 à 18:36 par Gautier Lecardonnel
La victime alcoolisée essayait d’entrer par effraction chez son oncle et sa famille quand il a été atteint d’un tir par arme à feu.
Le procès devant la cour d’assises de la Somme se profile pour Mickaël Bogner, 40 ans. C’est en tout cas ce qu’a décidé le juge d’instruction à l’issue de l’enquête, l’homme étant renvoyé en justice pour avoir donné la mort à son neveu, Kévin Vanthournout, 21 ans, la nuit du vendredi 6 juillet 2018 à Buigny-l’Abbé, près d’Abbeville (Somme). Après avoir bouclé son instruction, le magistrat amiénois chargé de l’affaire a jugé qu’il s’agissait bien d’un meurtre et non d’un cas de légitime défense, comme le soutient Mickaël Bogner, assisté de Me Jérôme Crépin.

Cette nuit-là, Kévin Vanthournout s’est présenté au domicile de son oncle au 3, rue du Leu. Alcoolisé (1,63 g), très remonté et accompagné de deux amis, il était bien décidé à régler un différend. Mickaël Bogner se trouvait dans son logement avec sa concubine et leurs deux enfants de 21 mois et 4 ans. À l’extérieur, la victime avait crié des menaces de mort et essayé de s’introduire dans l’habitation en forçant un volet roulant. L’oncle avait saisi un fusil et avait fait feu à travers le volet, touchant mortellement le jeune homme.
Au cours de l’instruction, la défense de Mickaël Bogner a soutenu qu’il avait agi en état de légitime défense. Le comportement de la victime présentait un « danger grave et imminent pour la vie du couple et de leurs enfants ». « Si trouble à l’ordre public il y a eu, il est lié à une agression sauvage au domicile de particuliers qui n’avaient strictement provoqué personne et qui passaient une soirée sereine avec leurs enfants », avait régi Me Jérôme Crépin.

« Pas de danger imminent »
Mais pour le magistrat instructeur, l’oncle « ne s’est jamais retrouvé directement en contact physique avec son neveu avant de faire usage de son arme », il « était en mesure de se barricader et de trouver refuge à l’intérieur du domicile en attendant l’intervention des forces de l’ordre ». Pour lui, il n’a pas fait face « à un danger imminent », d’autant que la victime s’est présentée « sans arme », si ce n’est un tasseau de bois. Et le tireur ne pouvait pas ignorer où se trouvait son neveu au moment du tir, juste derrière le volet roulant, sachant qu’à ce moment précis elle n’était positionnée qu’à environ 50 centimètres de l’arme à feu. Pour le juge, « la stricte équivalence entre le moyen de défense employé et la gravité de l’atteinte ne peut être établie ». Et le magistrat de noter qu’en état de panique, répétant qu’il avait tué son neveu, l’oncle « n’a pas tenté de porter directement secours à la victime » et qu’il a cherché à faire croire que c’est sa compagne qui avait fait feu.
Ce renvoi en justice pour homicide satisfait Me Thomas Louette, qui assiste les parties civiles avec Me Stéphane Diboundje.

Il connaissait bien la victime pour l’avoir eu comme client avant le décès : « M. Bogner savait très bien que son neveu pouvait s’énerver quand il avait bu mais que cela n’aurait pas été jusqu’à mettre sa vie en danger ».

La défense a fait appel de la décision du juge d’instruction devant la Chambre de l’instruction. Me Jérôme Crépin soutient ses arguments sur la légitime défense : pour lui, il y a bien une proportion entre l’agression et la réaction de son client. Il rappelle que la victime venait de briser un carreau dont les débris sont tombés sur le lit où se trouvait un enfant. Pour la défense, l’intention homicide ne peut de toute façon pas être retenue dans la mesure où « le coup de feu a été tiré vers le bas du volet »

GAUTIER LECARDONNEL
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