Ils avaient découvert le corps de leurs proches en regardant la télévision. Choqués, ils avaient déposé plainte. Plus de deux ans après, le procureur de la République d’Amiens, Bernard Farret, leur a signifié par courrier le lundi 17 mars qu’il n’engageait pas de poursuites dans cette affaire : «  S’agissant d’une plainte pour atteinte à la vie privée, le parquet ne prend pas l’initiative des poursuites  », écrit-il. Me Stéphane Diboundje, a d’ores et déjà annoncé qu’une nouvelle plainte avec constitution de parties civiles va être déposée auprès du doyen des juges d’instruction d’Amiens. Ce qui va relancer l’affaire.

« Ce n’est pas un spectacle, c’est un décès »

Les deux familles se plaignent de ne pas avoir été prévenues de la présence d’un journaliste lorsqu’un médecin légiste est intervenu après le décès de leurs proches. Aussi, lorsque l’émission « Quartier général » est diffusée le 19 septembre 2011, en prime time sur Direct 8, c’est le choc. Même si le corps est flouté, six frères reconnaissent la chambre de leur mère, décédée de mort naturelle en juin. «  On s’est pris une grosse baffe  », ont témoigné les frères Léon. Ils expliquant qu’ils n’auraient jamais donné leur autorisation : «  Ce n’est pas un spectacle, c’est un décès  , ont-ils dit.

Une autre famille est dans la même situation en découvrant le corps, flouté lui aussi mais reconnu, de l’un des siens, décédé par pendaison en mai 2011 à Boves (Somme). Une autre famille a également porté plainte.

Depuis le dépôt de plaintes, les familles se battent pour faire avancer les choses. Me Stéphane Diboundje s’était ainsi étonné à plusieurs reprises qu’aucunes auditions n’aient été effectuées dans ce dossier durant de longs mois. Et il regrette qu’il ait fallu deux ans et demi pour boucler l’enquête sur cette affaire.

Le sujet du reportage portait sur les médecins légistes. Le journaliste avait obtenu les autorisations des autorités pour ce tournage. Mais apparemment, aucune des familles des défunts n’a été prévenue de la présence de cette caméra. Et pour elles, il y a « atteinte manifeste à la vie privée d’autrui ».

En déposant plainte avec constitution de partie civile, l’avocat amiénois vise l’ouverture d’une information judiciaire. Un juge d’instruction sera alors chargé du dossier.

GAUTIER LECARDONNEL

Source Le Courrier Picard