Un juge d’instruction d’Amiens (Somme) a lancé mercredi un appel à témoins pour tenter de «faire émerger des faits nouveaux» dans l’enquête sur l’assassinat, jamais élucidé, de Francis Morel en 2004.

«On est proche de ce qu’on appelle aux Etats-Unis un « cold-case », une affaire criminelle qui n’a pas été résolue et qui était vraiment en fin de vie», a expliqué le juge d’instruction Alexis Mihman, qui va par ailleurs ordonner des «investigations complémentaires».

Le corps de Francis Morel, 58 ans, avait été retrouvé par un garde-chasse le 11 janvier 2004 sur un chemin rural à Boves (Somme), près d’Amiens.

Le cadavre portait plusieurs impacts de balles, tout comme la fourgonnette retrouvée à proximité.

Dossier «en voie d’être clôturé»

«Je trouvais qu’il restait un certain nombre de pistes à fermer, malgré le travail accompli», affirme M. Mihman.

Malgré des «investigations poussées (…) aucune piste n’a abouti» et le dossier était «en voie d’être clôturé», a-t-il rappelé.

En 2012, les avocats des parties civiles, Mes Pascal Pouillot et Stéphane Diboundje (cabinet Savreux, avaient déjà obtenu de la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Amiens, que de nouveaux actes d’instruction aient lieu. Il s’agissait notamment de dresser une liste de crimes semblables commis dans la région.

Une munition très particulière

Quelques jours avant sa mort, le père de famille avait annoncé à son épouse qu’il souhaitait une séparation. Musicien libéral, il était en parallèle représentant de commerce pour des produits phytosanitaires.

Les enquêteurs ont exploré «la piste du cercle familial, la piste du crime homophobe parce que (…) l’endroit était connu pour être un lieu de rencontres homosexuelles, ainsi que la piste du milieu professionnel (…) et celle des tireurs sportifs», a-t-il rappelé.

Les balles utilisées, des Wadcutter calibre 38, sont habituellement utilisées pour le tir sportif. 150 tireurs sportifs de la région avaient d’ailleurs été convoqués pendant l’enquête, sans résultat.

Confidences

«Il est possible que dix ans après les faits, une personne qui aurait eu des confidences accepte de communiquer des informations pour des raisons qui lui appartiennent», selon le juge.

«Il est très probable que l’auteur (du crime) se soit confié à un tiers, où qu’une personne ait constaté quelque chose et n’ait pas pu être identifiée par les policiers ou n’ait pas souhaité parler», estime M. Mihman.

Il est rare qu’un juge d’instruction lance lui-même ce type d’appel à témoins, souvent délégué à la police par commission rogatoire.

Mais le juge «reste le premier enquêteur du dossier», rappelle M. Mihman, qui a pris son poste en septembre et voulait donner «un caractère plus solennel» à l’appel.

Les nouvelles mesures constituent un «rééexamen de la procédure» et vont «au-delà» des consignes de la chambre de l’instruction, a souligné M. Mihman.

Source Le Courrier Picard