JUSTICE

Abbeville: un médecin accusé d’agression sexuelle

L’Amiénoise connaissait le médecin depuis de longues années : « J’avais d’excellentes relations avec lui, il n’avait jamais eu de gestes déplacés, il ne m’avait jamais fait d’avances, il me vouvoyait ». (Photo d’illustration).

L’Amiénoise connaissait le médecin depuis de longues années : « J’avais d’excellentes relations avec lui, il n’avait jamais eu de gestes déplacés, il ne m’avait jamais fait d’avances, il me vouvoyait ». (Photo d’illustration) 

L’Amiénoise de 40 ans ne s’attendait pas du tout à cela. Ce médecin, elle le connaissait depuis de longues années dans le cadre professionnel. « J’avais d’excellentes relations avec lui, il n’avait jamais eu de gestes déplacés, il ne m’avait jamais fait d’avances, il me vouvoyait ». Tout a basculé la nuit du 20 juin 2018.

La déléguée médicale organisait un repas professionnel avec douze médecins autour de la table. Selon elle, le médecin s’arrange pour que la quadragénaire s’asseye à côté de lui. Il lui fait des allusions sur le ton de la plaisanterie – « On arrose les belles plantes avec de l’eau  » –, lui fait des avances. Il lui met une main sur les genoux. La jeune femme est surprise, mal à l’aise. Pétrifiée, elle ne se voit pas créer un scandale à cet instant. Il insiste pour qu’elle le rejoigne dans la commune où il habite, elle refuse. «  Je vous appelle  », lui glisse-t-il à l’oreille au moment du départ des invités à la fin de la soirée. Sandra (prénom modifié), regagne rapidement sa voiture et s’en va.

Elle roule depuis peu de temps quand elle voit que le médecin la suit, il lui fait des appels de phares. « J’ai pris peur. J’ai accéléré, j’ai bombardé. » Mais l’homme la rattrape, et il la double. Il l’attend plus loin, garé sur le côté, lui faisant des signes pour qu’elle s’arrête. Elle l’évite, et tente de s’enfuir. Mais le médecin a repris le volant, il réussit à la doubler sur une ligne continue, et il met sa voiture en travers de la route. La déléguée médicale s’arrête, baisse son carreau.

« Depuis le temps qu’on travaille ensemble, tu me dois bien ça »

« Je lui dis que ce n’était pas possible, que je suis une femme droite, mais j’ai vu qu’il était énervé. Il m’a dit : «Depuis le temps que l’on travaille ensemble, tu me dois bien ça»  ». Et c’est là que l’agression intervient : «  Il tient mon cou et m’embrasse, il me serre fort  ». Il finira par la faire sortir de sa voiture : « Il me serre de toutes ses forces, et veut encore m’embrasser, je me débats comme je peux, mais plus je me débats, plus il devient méchant et plus il me serre. Donc, je comprends que pour le raisonner je dois éviter de me débattre  ». Sandra finira par réussir à partir en laissant croire au médecin qu’elle passera le voir plus tard. Sur la route, le praticien l’appellera 13 fois sans qu’elle réponde, et il lui enverra des messages.

L’Amiénoise, en concubinage avec deux enfants a été très perturbée par cette agression. «  J’en ai parlé à un collègue le lendemain matin, et à mon conjoint l’après-midi  ». Soutenue par son laboratoire, la déléguée médicale, qui exerce depuis 17 ans, a déposé plainte pour agression sexuelle et mise en danger d’autrui : « Je ne veux pas qu’il fasse d’autres victimes  ». Le 1er mars, une conciliation a eu lieu devant le conseil départemental de l’ordre des médecins de la Somme, où Sandra, assistée de Me Stéphane Diboundje, a revu pour la première fois le médecin. Il aurait reconnu les faits, mais cette conciliation a échoué. La procédure doit être transmise à la chambre disciplinaire. Quant au volet pénal, une enquête est en cours. L’avocate du médecin, Me Messaouda Yahiaoui, n’a pas souhaité, pour l’heure, commenter cette affaire.

GAUTIER LECARDONNEL

source courrier picard http://www.courrier-picard.fr/172111/article/2019-03-16/le-medecin-accuse-dagression-sexuelle