Ses avocats ont plaidé le crime passionnel et la cour d’assises de la Somme les a entendus. Le Péronnais de 59 ans pourrait sortir de prison avant fin 2012.

Dix ans de prison: c’est la peine qui a frappé hier soir Dany Guyet, 59 ans, reconnu coupable du meurtre de sa compagne Marie-Odile Leblanc à Péronne.

Ce fut dit et répété tout au long de ce procès: Dany n’imaginait pas vivre sans Marie-Odile. Le crime a eu lieu le mardi19mai2009 vers 22heures. Dès le jeudi, la victime devait partir en randonnée à moto avec son amant. Elle l’avait dit à Dany, son compagnon depuis 25 ans; elle avait évoqué le besoin de préparer son sac de voyage. Il lui avait demandé quand elle comptait rentrer. « Je ne sais pas, tu n’as qu’à m’attendre», lui avait-elle répondu, avant d’aller se coucher tandis que cet homme taciturne s’installait devant la télé.
«Il l’aimait à mourir»

Méticuleusement, il avait attendu la fin du feuilleton, fumé une cigarette dans le garage, rassemblé des médicaments pour se suicider, puis tué sa compagne de deuxcoups de couteau sans tenir compte de ses supplications entre les deux assauts.

Il n’imaginait pas vivre sans elle, d’accord, mais pourquoi ne pas se « contenter» d’un suicide? Répondre à cette question, c’était le défi jeté à la défense pour éviter une peine trop lourde (l’accusé risquait la perpétuité) et à l’avocate générale pour justifier de réquisitions modérées (10 à 12 ans) qu’elle a prises. Elles se sont retrouvées sur un point que l’on peut résumer ainsi: Marie-Odile Leblanc faisait à ce point partie de la vie de Dany Guyet que pour mettre fin à sa propre vie, il devait la tuer

Françoise Dale revient ainsi sur le mot de l’accusé en garde à vue: « Je ne regrette rien». Elle pense que « la tuer, c’était entamer un processus d’union par-delà la mort». Me Bibard estime que « psychiquement, à cet instant de sa vie, c’était la seule solution aux yeux de Guyet. Parce qu’elle était vraiment sa moitié. Elle était une partie intégrante de lui-même». Et Me Djibounje d’enfoncer le clou: « Il l’aimait à mourir. Une peine excessive ne fera pas revenir Marie-Odile Leblanc mais elle peut détruire une autre vie humaine, celle d’un homme de 60 ans que ses enfants ont hâte de retrouver ».

TONY POULAIN

Source Le Courrier Picard