Il avait monté un commando après le vol d’un scooter dans les quartiers sud-est.

«  C’est l’histoire d’un type bien qui, ce jour-là, fait n’importe quoi  », résume Me Guillaume Demarcq. Le «  type bien  », c’est Hakim Rachedi, 38 ans. Il est à la tête de 65 salariés, gérant des enseignes Mario’s Pizza à Amiens. L’homme a été jugé hier pour « une expédition punitive ».

Le 14 novembre 2014, il a rassemblé autour de lui cinq de ses salariés. Il leur a fourni des cagoules, des armes, factices ou d’alarme. Le « commando » est monté dans un fourgon et a pris la direction de la rue Philéas-Lebesgue. Leur objectif : récupérer un scooter qui a été volé, avec violences, la veille, à l’un des livreurs.
Seulement, sur place, les professionnels de la pizza tombent sur des hommes plus coriaces que prévu. Ils ont bien vu le scooter, par la fenêtre d’un logement, mais ils se sont finalement enfuis quand les autres sont sortis, bombe lacrymogène à la main. Deux coups de feu seront tirés en l’air lors de la fuite.
Deux agressions au préalable
Hakim Rachedi le conçoit : «  C’est complètement irrationnel  ». Il explique que «  le contexte économique est difficile. Si on continuait à nous voler les scooters, à Noël, on n’avait plus de travail ». Un employé, qui a travaillé chez Mario’s pendant 8 ans, raconte son expérience : «  On se fait insulter, caillasser. Je me suis fait agresser deux fois.»
Un «  sentiment d’injustice  » aurait motivé le groupe. Parce tous savaient où se trouvait le scooter, parce que le nom de l’homme qui a passé la commande de la pizza pour le voler était connu de la police, «  sans que rien ne se passe  » (Me Stéphane Diboundje). Les six hommes qui sont jugés ce jeudi sont loin de présenter un profil de délinquants. La seule des trois victimes présentes, elle, se tient debout…. dans le box des prévenus. Elle est détenue pour une autre affaire . Il n’empêche, pour Me Patrick Qenel, une victime reste une victime, dit-il en substance.
Et qui n’aurait pas eu peur face à ces hommes encagoulés, exhibant ces armes, que l’on ne peut pas savoir factices  ? Me Ludivine Bidart-Decle, avocate d’un des prévenus, en doute : «  Je me demande comment on peut sortir de son appartement pour mettre en fuite tous ces hommes avec une simple bombe lacrymogène… ». Pour elle, la présence des armes ne se justifiait «  qu’au cas où cela tourne mal  ». Il s’agissait juste de récupérer un scooter volé dans un environnement hostile. Le patron de Mario’s Pizza a été condamné à 24 mois de prison, dont 18 avec sursis. Les autres ont écopé de peines entièrement assorties du sursis.

 

SOURCE : COURRIER PICARD >>