« Elle méritait de vivre » : 42 ans après sur le meurtre de sa mère, une Amiénoise lutte pour la vérité

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Katy Spicher cherche toujours à connaître la vérité sur le meurtre de sa mère, 42 ans plus tard © Radio France – Brian NICOLAS

Brian Nicolas

Publié le dimanche 14 septembre 2025 à 12:12

Depuis plus de 42 ans, Katy Spicher cherche à faire la lumière sur le meurtre non élucidé de sa mère, Marylise Spicher, assassinée en 1983 à Amiens. Malgré les aveux initiaux du frère de la victime, l’affaire avait été classée sans suite. Soutenue par son avocat, Katy espère rouvrir l’enquête.

Elle veut connaître le meurtrier de sa mère, plus de 42 ans après. Vous n’avez sans doute jamais entendu parler de cette affaire, passée presque inaperçue à l’époque. Le 26 juillet 1983, Marylise Spicher est assassinée dans le quartier d’Étouvie, à Amiens. Elle est retrouvée chez elle, lardée d’une trentaine de coups de couteau.

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Très vite, les soupçons se portent sur le frère de la victime. Mis en examen et placé en détention provisoire, il avoue à deux reprises être l’auteur du meurtre, avant de se rétracter. L’affaire sera finalement classée sans suite, quelques années plus tard, pour insuffisance de charges.

Aujourd’hui encore, on ne sait pas qui a tué cette jeune femme de 27 ans. Pourtant, plus de quatre décennies plus tard, sa fille, Katy Spicher, est déterminée à découvrir la vérité. « De là-haut, je pense que ma mère serait quand même contente que, peut-être, justice lui soit enfin rendue. Elle n’avait que 27 ans, et elle méritait de vivre », explique-t-elle dans le bureau de son avocat.

« Je n’ai jamais eu de réponses à mes questions »

Katy Spicher avait à peine six ans lorsque le meurtre de sa mère a eu lieu. « Je n’ai pas beaucoup de souvenirs d’elle. D’abord parce que j’étais jeune, mais aussi parce que je passais beaucoup de temps chez mes grands-parents, à ce moment-là. Ma mère travaillait beaucoup, alors elle n’avait pas trop le temps pour moi », se souvient la quadragénaire. Après le drame, elle a passé le reste de son enfance chez ses grands-parents, où le sujet était totalement tabou. « Mon grand-père refusait catégoriquement d’en parler. Je n’avais donc aucune réponse à mes questions », détaille l’Amiénoise.

Sous les conseils de son avocat, Katy Spicher a décidé de raconter son histoire pour enfin découvrir la vérité sur le meurtre de sa mère, 42 ans après les faits © Radio France – Brian NICOLAS

Cela fait désormais plus de 42 ans que la Picarde tente de rouvrir l’enquête. Pour y parvenir, Katy Spicher demande d’abord à avoir accès au dossier d’instruction. C’est ce qu’elle réclame depuis plusieurs années, à travers des lettres qu’elle a conservées. « Depuis 1995, j’en ai envoyé au ministère de la Justice, au procureur de la République et même au président de la République. Elles n’ont jamais abouti à quoi que ce soit », se désole Katy Spicher, qui a donc décidé de raconter son histoire, après sa rencontre avec un journaliste.

Un non lieu difficile à accepter

Pour l’aider dans ses démarches, Katy Spicher a également fait appel à un avocat, Maître Stéphane Diboudje, qui ne comprend pas le non-lieu prononcé à l’époque. « Déjà, une personne mise en examen qui avoue à deux reprises le crime, et surtout le fait qu’il soit la dernière personne vivante à avoir vu la victime », explique-t-il. Maître Diboudje précise que ses aveux sont corroborés par divers éléments recueillis, selon le réquisitoire définitif. Il souligne également la présence d’un cheveu sous les ongles de la victime, qui pourrait correspondre au frère de cette dernière.

Avec tous ces éléments, l’avocat est formel : l’affaire aurait pu être jugée devant une cour d’assises à l’époque. « Le meurtrier de Mme Marylise Spicher est toujours en liberté et n’a jamais été puni. C’est intolérable ! Même s’il peut y avoir prescription, des enquêtes plus anciennes restent ouvertes », explique Maître Stéphane Diboudje, qui cite l’affaire Chevaline ou celle du petit Grégory. Son objectif est de confier l’affaire à la cellule Cold Case du parquet de Nanterre. Il nourrit un grand espoir de pouvoir rouvrir cette enquête, tout comme Katy Spicher. Pour elle, ce serait enfin l’occasion de faire son deuil et de tourner la page.

sourcehttps://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/elle-meritait-de-vivre-42-ans-apres-une-amienoise-lutte-pour-la-verite-sur-le-meurtre-de-sa-mere-4592972